22 - 11 - 2024
Nikolina Lutovac, l’ex-handballeuse pro devenue coach mental … et agent sportif !
D’origine serbe, née à Belgrade avant d’être naturalisée en France où elle a passé la plus grande partie de sa carrière, la jeune femme de 38 ans combine aujourd’hui deux casquettes, des Balkans à l’Europe occidentale.
À 21 ans, quand elle s’exporte pour la première fois de Serbie pour arriver du ASPTT Strasbourg (tout en étant une fille au pair sur le côté), Nikolina Lutovac ne s’imaginait peut-être passer presque 20 ans de sa vie en France, ni signer son premier contrat professionnel à l’ATH Strasbourg, l’un des clubs voisins. « Je suis restée 18 ans en France … où j’ai joué 18 ans comme professionnelle. Dans le handball, je suis passée de la N1 à la D1 », précise-t-elle d’abord. Un parcours qui l’a aussi emmenée du côté de Saint-Amand-les-Eaux, Lomme Lille, Rochechouart ou encore Mérignac … et qui l’a amenée à jouer notamment face à des équipes belges. « J’ai passé 4 ans dans le Nord de la France, j’ai souvent joué contre le Femina Visé et Beyne. »
Comme elle le souligne en 2021 dans www.boulevarddeschampions.com, Nikolina souligne aussi qu’elle fut championne de Yougoslavie chez les moins de 16 avant d’aligner les titres de vice-championne de Serbie et Monténégro chez les moins de 18 ans. Issue d’une famille sportive avec trois frères et soeurs (dont deux qui ont aussi terminé professionnels comme son frère footballeur Aleksandar qui a notamment joué en D1 au Partizan Belgrade), Nikolina était destinée à briller. « Je faisais partie de l’équipe nationale de Beach Handball Serbe et j’ai participé aux deux Euros et un Championnat du Monde entre 2006 et 2009 »[1], embrayait-elle encore.
LE MÉTIER D’AGENT : UNE VOCATION
Naturalisée française en 2016, l’ex-demi-centre poursuit des études sur le côté avec un diplôme d’état mention « perfectionnement handball » en 2020 mais aussi comme agent de développement dans les associations sportives. Mais surtout, lors des deux dernières années de sa carrière qu’elle considère comme deux piges de transition, Nikolina a compris qu’une de ses vocation, c’était le métier d’agent.
« Car je voulais aider les jeunes joueuses à réaliser leur rêve et poursuivre une carrière à l’étranger. Même en jouant, j’ai par exemple toujours accompagné ma petite soeur même chez les pros. Elle joue aujourd’hui à Montluçon. J’ai compris durant ces années ce que je pouvais apporter aux jeunes mais aussi aux moins jeunes. Je me suis alors spécialisée dans le suivi de joueurs à l’étranger, qu’ils soient pros ou amateurs. Au départ, j’accompagnais surtout des ami(e)s et des connaissances et pas forcément que dans le handball. J’ai aidé et j’aide aussi beaucoup de Français ou des personnes issues de pays francophones à s’exporter vers les Pays de l’Est. Mais aussi dans le sens inverse. J’accompagne des joueurs issus des Balkans à s’exporter, en France notamment. »
« LES CLUBS ME SOLLICITENT »
Petit à petit, Nikolina élargit son réseau, qu’elle n’étoffe pas toute seule au sein du MVP Handball Agency. « Ça s’est fait naturellement. J’ai aussi fini par aider des amies de ma soeur. Je me suis retrouvée dans un rôle de mentor. Je ne me suis pas du tout dit que j’allais faire ça dans un objectif de gagner de l’argent mais parce que c’était l’opportunité de faire ce que j’aime le plus. Je suis de nature à aider les gens surtout dans les domaines où je me connais. Comme agent, il y a évidemment des périodes où on travaille plus. Je représente quelques joueurs, je m’occupe de leurs suivis de carrières. Par exemple, là, je travaille avec une joueuse depuis 3 ans et demi. On essaye d’avoir des appels vidéos une fois par trimestre où on fait le point sur ses performances, ses objectifs, son ressenti, sur ce qui va bien ou pas. Parfois, les clubs me sollicitent aussi en me demandant un profil précis à rechercher. »
Son travail est avant tout humain. « Je pars toujours du principe que ma relation avec le joueur doit être transparente et honnête. Ils doivent être capables de dire les choses quand ils ne sont pas contents et nous on doit pouvoir leur faire remarquer quand ils ne font pas leur partie du job. Souvent, les joueurs pensent que c’est à nous de faire tout le travail alors que le joueur, sa vitrine, c’est son propre jeu. »
Aujourd’hui, pour plusieurs raisons, Nikolina explique que les joueurs issus des Balkans sont plus enclins à partir à l’étranger que les Français dans le handball. « Avec mon collègue, 80% de notre activité se fait donc là-bas,. Les autres 20% concernent la France, l’Espagne … »
LA PART PRÉPONDÉRANTE DU COACHING MENTAL DANS LE SPORT
En parallèle, Nikolina est aussi coach mental. « Dans les prochaines semaines, j’aurais totalement finalisé ma formation », se réjouit-elle. « Je me suis spécialisée dans l’accompagnement de sportifs qui s’expatrient. Quand j’étais une jeune joueuse, j’ai pu travailler avec des préparateurs mentaux grâce à qui j’ai pu vaincre ma peur de l’échec en étant jeune ou mieux gérer un retour de blessure. Aujourd’hui, dans ce monde, je vois que les sportifs n’arrivent pas à s’identifier à l’histoire de quelqu’un qui leur ressemble. La notion d’expérience est plus que primordiale. De nos jours, la préparation mentale se développe de plus en plus et prend une place presque égale à la préparation physique, tactique, technique et à l’aspect de l’hygiène de vie. Les gens commencent à être de plus en plus conscients de ça dans le sport de haut niveau.
Nikolina ajoute aussi que le coaching mental s’est répandu du au fait q’un gros tabou a enfin été démystifié. « Avant, un athlète avait peur de dire qu’il avait avait besoin de parler. Aujourd’hui, les sportifs n’ont plus peur de dire qu’ils ont besoin d’aide sur le plan mental. Puis, les écrans et les nouvelles technologies qui se développent de plus en plus détournent l’attention. Enfin, la surcharge mentale a toujours été là pour un sportif mais ce problème prend également de plus en plus d’ampleur à notre époque. »
Mais son accompagnement ne se résume pas qu’à combattre la crainte d’échouer ou de ne pas savoir se relever d’une blessure. « Pour donner un exemple concret, les gens des Balkans vont partir dans un centre de formation avec leurs études sur le coté. Certains sont tellement éblouis de partir dans un pays où le handball est très développé qu’ils ne sont pas du tout préparés à appréhender le côté estudiantin de leur vie, en plus du choc culturel, du problème d’intégration et de la communication. Ça donne très vite envie de tout abandonner. Puis, aujourd'hui, les jeunes sportifs de Serbie, de Bosnie et du Monténégro se font facilement influencés par les anciens et partent donc avec des idées, des croyances, des préjugés. Ils ne sont pas du tout ouverts alors que là où ils vont, il y a un bel environnement qui leur est favorable. Mais le fait d’être braqués font qu’ils ne laissent même pas de chance à leur nouveau club et leurs nouveaux coéquipiers, ou sur le style de handball pratiqué. Le coaching mental consiste donc aussi à ouvrir leurs horizons et à pouvoir combiner études et sport de haut niveau à l’étranger. »
L’AVANTAGE D’UNE PLATEFORME SPORTIVE QUI MULTIPLIE LES RELATIONS
En tant qu’agent et coach mental, Nikolina ne s’en cache pas : disposer d’une plate-forme comme Opportunity Players est aussi utile pour elle que pour les sportifs qu’elle peut y rencontrer.
« Ça peut agrandir mon réseau dans le handball. Pour la préparation mentale, il n’y a pas qu’aux handballeurs que je peux apporter mon soutien. Il n’y a pas qu’eux qui rencontrent des problèmes dans leur carrière, qui ont besoin d’un suivi particulier ou qui doivent combiner les études et le sport. Un réseau comme Opportunity Players est un vrai avantage. C’est une opportunité énorme d’être sur un réseau bien précis, sensibilisé, pour se mettre en contact avec les gens plus facilement sans tierce partie. »
Et si Nikolina peut vous convaincre de venir faire un tour … « Me concernant, je n’apporte pas seulement le rôle de préparatrice mentale ou d’agent sportif mais une expertise due à l’expérience assez riche et variée que j’ai eu. En plus de 20 ans de handball, j’ai joué dans plus de 10 clubs en Serbie et en France, professionnels mais aussi amateurs. J’ai vu tellement de choses différentes que je peux leur permettre de partir préparés et de ne se laisser surprendre par rien. Les jeunes, quand ils comprennent que tout vient d’abord d’eux et de ce qu’ils peuvent changer, il n’y a plus rien qui peut les déstabilises et les éloigner de leurs objectifs. »
Joachim Gilles
Média Opportunity Players
[1] BOULEVARD DES CHAMPIONS, « Nikolina Lutovac », in https://boulevarddeschampions.com/entretien-avec-nikolina-lutovac/ , (page consultée le 11 novembre 2024).
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